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Appel pour l’Education Bien Commun

“L’école de la confiance” : l’école de la souffrance !

Instituons l’éducation comme bien commun

Parce qu’il fallait vite, très vite, qu’il marquât de son sceau le quinquennat Macron, parce qu’il fallait vite, très vite, qu’il enterrât la loi de Refondation de l’Ecole de 2016 qui laissait pourtant un espoir, parce qu’il fallait vite, très vite, qu’il remît au pas l’Institution , le ministre de L’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, créa l’école de la confiance. S’installa alors dès 2018 une petite ritournelle insistante, lancinante, de celles qui sembleraient presque inoffensives, susurrées à l’oreille

 “ A l’école de la confiance, votre ministre contrôle tout

   Il veille sur le bien commun, soyez au garde-à-vous ”

Mais qu’est donc cette école de la confiance ?

 

Celle de l’article 1 qui demande aux profs le “respect de l’institution” traduit par le slogan encore trop peu présent dans les cortèges “Sois prof et tais-toi”

Celle qui nomme par arrêté conjoint des ministres Blanquer et Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, les directions des INSPE ( Instituts national du professorat et de l’éducation) proposés auparavant par le conseil des ESPé (Ecole supérieure du professorat et de l’éducation)

Celle qui remplace le Cnesco (centre national de l’étude des systèmes scolaires) par un flambant neuf CEE (conseil d’évaluation de l’école)  : dans ce nouveau conseil d’évaluation, 10 membres sur 14 sont des représentants du Ministre. Ainsi, l’école est sûre d’être bien évaluée !

Celle qui est prolongée par la loi ORE – loi d’orientation et de réussite des étudiants – qui consacre la sélection des étudiants avec le système Parcoursup que connaissent bien les lycéens. Blanquer réussit ici où Devaquet avait échoué en 1986 !

Et nous passons sur les suppressions de postes dans le secondaire, le précariat croissant des personnels d’éducation, la mise en place de grilles comportementalistes en petite section, la gestion de la crise sanitaire pour les étudiants des universités….Et  c’est dans ce contexte que le Président Macron fait de la lecture la nouvelle cause nationale !

Et à l’école de la confiance, on ne craint pas les contradictions : la loi rend obligatoire l’affichage dans les salles de classes de la  devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». A moins qu’il ne s’agisse ici de l’aveu d’un échec à rendre vivante cette devise. Quand les mots se vident de leur sens, il reste à les placarder sur les murs.

On ne peut plus attendre

Nous sommes bien loin de l’urgence à préparer notre école aux transformations et secousses du monde de demain dans lequel nous sommes en réalité déjà entrés. Le dernier rapport du GIEC – groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – de ces derniers jours conclut :

« Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre »

L’école d’aujourd’hui ne répond en rien aux enjeux pour ne pas dire aux nécessités de notre début de siècle : la crise climatique est là, bien visible, bien palpable, bien démontrée scientifiquement.

L’école d’aujourd’hui s’enlise dans des lois qui ne servent qu’à traduire l’ego des hommes, la succession de fausses réformes dont la préoccupation première est la gestion économique d’un service d’éducation.

L’école de la confiance ? C’est précisément ce que nous devons penser dans ce contexte de démocratie bafouée, d’instances manipulées pour servir un système sourd à l’urgence environnementale, sourd à la souffrance des élèves, sourd à la souffrance des personnels de l’éducation. Une confiance qui se construit avec l’écoute, le partage, la transmission.

Résistons et construisons un service public citoyen de l’école à la hauteur des enjeux de notre siècle, une école de l’émancipation de ce qui nous est présenté comme un projet de société unique, celui du capital et du consumérisme, de la compétition et de l’auto-suffisance. Notre Terre nous dit chaque jour que nous sommes dans une impasse. Entendons-la ! Sans transformer en profondeur notre éducation – et pas seulement notre école – sans en faire un bien commun, nous ne pourrons outiller nos enfants pour faire face à l’avenir que décrit le GIEC. Si nous souhaitons un avenir désirable pour nos enfants et les générations futures, il faut pouvoir construire avec eux un projet de société qui mette au centre de ses préoccupations un développement qualitatif, l’entraide, la co-opération. Ce n’est pas l’introduction de l’Éducation au développement durable dans les programmes scolaires depuis une quinzaine d’années qui va permettre le changement radical – à la racine – devenu incontournable !

Signez l’appel !

Depuis quelques mois, le groupe éducation CNNR se mobilise pour réfléchir à cette transformation, proposer une stratégie indispensable à sa mise en œuvre parce que nous n’avons plus le temps de tergiverser, parce que l’alternative est devenue une nécessité !

Notre réflexion s’appuie sur le travail de Raymond Millot dont le Manifeste L’éducation, un bien commun paraîtra en novembre aux éditions Massot.

Ce militant et ancien instituteur à l’école de Vitruve à Paris et à la Villeneuve de Grenoble est à l’origine du CNNR par sa lettre à Denis Robert. Par ailleurs, en mars 2020, il a lancé un appel “éducation bien commun” et un chantier de réflexion.

Site Education Bien Commun

Pour signer l’appel, envoyer un mail à : nadine.lanneau@laposte.net

Nous vous invitons à signer cet appel et à vous engager, parent, grand-parent, jeune, vieux, éducateur, citoyen, à agir pour que notre école devienne un bien commun soustrait aux alternances politiques, à un projet de société mondialisé pour qui la réussite ne s’évalue que par l’argent. Agissons pour une vraie école démocratique, solidaire, où nos enfants, nos jeunes pourront penser librement, seront en capacité d’affronter un monde complexe secoué par des crises historiques. Cela suppose d’additionner nos forces, nos énergies pour pouvoir  affronter à la fois notre quotidien et préparer le futur, vivre un présent qui intègre les changements que subit déjà l’écosystème Terre/humanité, penser aux générations futures plus qu’à nous-mêmes. Il nous faut ensemble nous saisir de la question de l’éducation à l’école. Elle ne peut rester le terrain de réflexion de quelques-uns, experts, pédagogues, professionnels de l’éducation. L’école de demain sera celle du bien commun ou ne sera pas. Et l’urgence est là !

Le groupe éducation est un groupe ouvert à toute personne qui souhaite s’y investir. Nous recevons également les contributions, remarques, réflexions que vous voudriez transmettre

Vous pouvez nous écrire à contact@cnnr.fr

Le Groupe Education

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