Première initiative du CNNR
Première initiative du CNNR
Organisation des pique-niques citoyens dans toute la France
Samedi 27 juin 2020
Sur chaque lieu de rassemblement chacun était invité à écrire 3 mesures immédiates – celles que le gouvernement doit prendre de toute urgence – et 3 actions immédiates que nous pouvons mettre en œuvre nous-mêmes
Le CNNR a construit sa première initiative sur deux expériences historiques :
– Le Conseil National de la Résistance, dont notre nom s’inspire, a été une fédération. Tous les partis y étaient représentés, des communistes aux conservateurs, idem pour les syndicats et les mouvements de résistance. Le CNR représentait toute la France résistante. Il lui fallait cette légitimité pour imposer une nouvelle société.
– Ensuite des banquets républicains, qui, pendant le XIX siècle et la première partie du XX siècle, ont été le moyen de fédérer dans la joie les démocrates de tous poils ; radicaux, socialistes, républicains modérés, bourgeois libéraux… avec un certain succès puisqu’ils ont participé à la fin de deux régimes : la Restauration et la Monarchie de Juillet.
Mais aussi sur la dynamique des expériences récentes :
– Nous avons pensé qu’une organisation spontanée d’initiative locale pouvait créer la dynamique de notre mouvement. La “fête à Macron”, un des grands succès politiques de ces dernières années, prouve que cela fonctionne.
– Nous avons ensuite compris qu’il fallait compter sur le développement des initiatives locales, comme les Gilets Jaunes, soucieuses de rester indépendantes des organisations parisiennes Pour cela nos consignes étaient très limitées, nous avons apporté un support organisationnel et de communication pour les pique-niques.
– L’idée était de nous réunir et de fêter, de fédérer ces énergies autour d’un repas. Nous souhaitions que les profs rencontrent les précaires, que les Insoumis parlent aux socialistes, que les sans opinion s’en forgent une petite, et que les citoyens qui ne sont inscrits nulle part parlent à tout le monde.
Et le 27 juin
Plus de 100 pique-niques ont couvert nos belles provinces !
Par Bertrand Rothé
Objectif atteint, dépassé même. Victoire !
En deux semaines vous en avez créé plus de 100 pique-niques sur tout le territoire et réuni des milliers de personnes. Cette première initiative est votre succès. Nous vous l’avons proposée, vous en avez fait une réussite ! Pourtant le pari pouvait paraître difficile à réaliser en si peu de temps, à la sortie du confinement et à la veille des élections municipales.
Vous étiez tous au rendez vous !
Comme dans les grands dîners républicains du XIX siècle, des membres de toutes les associations amies se sont joints à la fête. Les héros des dernières luttes sont bien représentés. Les gilets jaunes sont nombreux, les infirmières et les médecins itou. Individuellement et localement, des associations de référence comme Attac, Fakir, les amis du Monde Diplo, les Déconomistes ont joué le jeu. Les “jeunes pousses” sont aussi nombreuses comme ANV COP21, le Monde d’après, et Extinction Rebellion. Chacun avec sa culture, ses valeurs. Pour info, – et pour ceux qui l’ignorent encore – il semble que les citoyens, organisations, collectifs et partis politiques cohabitent mieux
au niveau local qu’à Paris. Dans nos municipalités les égos s’expriment avec moins de violences. À ceux qui en doutent encore le peuple peut s’avérer plus intelligent que ses élites même progressistes. Les élections municipales du lendemain en donnent la preuve. Nous sommes plein d’espoir. Comme à l’époque du CNR, il semble nécessaire que pour refonder le monde, pour éviter le retour à l’anormal, cocos et cathos cohabitent, idem pour Insoumis et socialos ainsi que des citoyens de tous âges et d’horizons variés.
Belles provinces
Aux quatre coins de notre beau pays et plus particulièrement dans nos belles provinces plus de 100 pique-niques résistants se sont réunis.
Première remarque, Paris est quasiment aux abonnés absents. Un seul pique-nique dans la capitale ! De belle tenue, mais un seul ! Finie la ville révolutionnaire et populaire. Blasée ? Hautaine ? Bobo ! Tout se joue en province, il suffit de regarder la carte.
C’est là pour fuir la chaleur qu’à Belin-Béliet en Gironde comme à Grenoble les résistants cherchent de l’ombre. À Francheville dans le couloir rhodanien l’assemblée s’est réunie sous un gros conifère. Les Saint-Pérollaises, les Saint-Pérollais et leurs amis se sont mis à l’abri d’une petite futaie. À Brest, la réunion s’est installée sur une dalle “confortable”. À Cannes comme à la Seyne-sur-Merles participants préfèrent s’attabler. Jeunes, vieux, les têtes blanches sont peut-être un peu plus nombreuses et encore. À Cavaillon, comme à Guéret, préfecture de la Creuse où à Jaujac, les jeunes et les enfants participent. En Haute-Garonne à Gragnague, les gilets jaunes pendus sur un
fil à linge rappellent à une assemblée studieuse un beau combat. Evidemment la banlieue n’est pas absente, elle bouillonne ces temps ci. Montreuil s’est réuni dans une joie révolutionnaire.
Comme au XIX siècle l’atmosphère est très conviviale. La révolution dans la joie, le partage. À Jaujac, une fanfare donne le rythme, à St Priest et à St Hilaire des Loges et dans bien d’autres endroits les résistants partagent leurs victuailles. Les télés sont présentes pour couvrir l’événement. Ainsi en Haute Savoie, France 3 relate qu’à Annecy, 250 personnes ont travaillé, elles étaient 80 à La Roche-sur-Foron.
Idées souveraines
Vous avez travaillé. Sérieusement. Vos propositions en témoignent. Elles sont riches, généreuses, et
bienveillantes.
– Pour la première action immédiate locale, l’agriculture et l’alimentation sont au cœur de vos préoccupations, elles sont privilégiées. Ici proximité rime parfois avec poésie. Certains proposent des Actions Sociales Potagères, d’autres plus prosaïques souhaitent développer les jardins ouvriers.
– La seconde tourne autour de la convivialité, du collectif. Vous attendez des « maisons du peuple », des fêtes, et une bien plus grande participation à la vie démocratique locale.L’écologie n’est jamais loin. Le collectif de Mandelieu souhaite mener « une action en collaboration avec le CNNR de Juans les Pins, les gilets jaunes du bassin cannois et d’ailleurs, les associations telles ATTAC…. pour stopper le projet d’un complexe commercial à Sophia Antipolis « l’OPENSKY » ».
– Pour la première action immédiate gouvernementale les thèmes sont plus éclatés. Le RIC, Référendum d’Initiative Citoyenne tient la corde, la transformation de la constitution est dans la roue. La question écologique n’est pas loin…
L’analyse des photos des différents rassemblements souligne que pour faire ces propositions chaque groupe a sa technique, à aucun moment l’organisation ne laisse à désirer. On s’écoute, on discute, on argumente, la parole circule, la démocratie fonctionne. Certaines pratiques sont communes. Souvent comme à Poitiers ou à Paris, à Toulouse, à Pradelles, à Francheville, aux Roches-Condrieu ou à Vernoux-en-Vivarais la formation d’un cercle permet de délibérer. Pour classer les idées, les techniques varient un peu, à Jaujac en Ardèche les Post-it bien alignés couvrent le tableau blanc. À Poitiers, les propositions tiennent avec des punaises. À la Roche sur Foron l’assemblée se penche sur une grande frise. À Nevers on compte les votes avec des gommettes, à Aix on préfère la main levée. À Lyon on écoute une jeune femme lire les résultats. En Normandie, à Bernay le tableau noir s’est couvert d’une belle écriture, idem à la Seyne-sur-mer sur un tableau blanc quadrillé.
Ces premières actions réussies en appel d’autres ! À partir de votre travail et vos idées nous allons vous proposer une nouvelle dynamique.